L’alternance se réinvente pour faire face au covid

L’organisation des formations en alternance souffre aussi de la pandémie. L’aspect pratique des apprentissages via les stages est difficile à mettre en place dans certaines filières. L’Ifapme se réorganise cependant pour conserver le même niveau de compétences.

Si l’alternance représente pour certains une porte de sortie en cette période de crise sanitaire, le principe même de cette formation est aussi considérablement mis à mal depuis le début de la pandémie, en entreprises bien sûr, mais d’abord lors de l’organisation des cours. «La plus-value de l’alternance, c’est la combinaison entre formation théorique et formation pratique, nous avons donc essayé de maintenir un maximum de présentiel. C’est toute une organisation puisque nous sommes évidemment tenus par des directives sanitaires. Pour pouvoir observer les distances de sécurité requises entre nos apprenants, les groupes ont été divisés. Le port du masque est obligatoire et nous avons renforcé les périodes de nettoyage et d’aération de nos locaux. La majeure partie du temps, les cours théoriques sont dispensés sur base d’une organisation en duplex. Une partie des étudiants suit les cours en centre de formation, l’autre les suit depuis leur domicile ou dans un local où ils sont retransmis en direct. On veille à organiser les groupes en fonction des réalités de chacun de manière à éviter la fracture numérique. Nos centres de formation ont également été rééquipés en ordinateurs portables à destination des apprenants qui n’en disposeraient pas», détaille Baudouin Stevens, directeur du centre Ifapme Luxembourg.

100 euros par entreprise accueillante

Jusque-là, les réalités vécues par les centres de formation de l’Ifapme sont les mêmes que la plupart des établissements scolaires. Mais là où les choses se complexifient, c’est évidemment sur le plan pratique de la formation en alternance. «Les stages en entreprises qui constituent le cœur de l’alternance sont très compliqués à organiser dans ce contexte. Mais on essaye aussi de les maintenir autant que faire se peut, moyennant le respect de toutes les mesures sanitaires édictées par le gouvernement. Lorsqu’une entreprise, pour une raison ou une autre, n’est plus en mesure d’accueillir nos apprenants, on essaye de faire jouer notre réseau pour retrouver un lieu de stage. Dans le cadre du plan de relance du gouvernement wallon, l’Ifapme peut également accorder une prime de 100 euros à chaque entreprise accueillant des jeunes et rembourser le minerval des candidats chefs d’entreprises dans les métiers en pénurie. L’idée est de soutenir la formation en alternance, car elle est considérée comme un des leviers du redéploiement de l’économie», développe Raymonde Yerna, administratrice générale de l’Ifapme.

Les apprentis restaurateurs et coiffeurs sur le carreau

En matière de stages, de nombreux apprentis des secteurs dits non essentiels sont en revanche laissés sur le carreau. C’est le cas des filières de formations liées à l’horeca, mais aussi des coiffeurs et autres professionnels des soins aux personnes. «Tous les restaurants et les salons de coiffure gardent porte close depuis plusieurs mois, il n’y a donc pas vraiment de perspectives de stages. Certains de nos apprenants en restauration ont pu effectuer des stages auprès de services traiteurs. Pour les autres, on essaye d’innover pour compenser leur manque de pratique». A Libramont, un marathon de cuisine (voir par ailleurs) sera par exemple organisé prochainement pour les apprentis du secteur de l’horeca. En coiffure, l’Ifapme n’a pas eu d’autre choix que de réinvestir dans du matériel. «Nous avons notamment acheté davantage de têtes malléables pour permettre à tous nos étudiantes et étudiants de s’exercer. Nous avons également mis sur pied de nouveaux modules de cours pratiques pour compenser les heures qu’ils ne prestent pas en salons. Des professionnels de terrain à l’arrêt forcé se rendent très disponibles pour venir former nos apprentis», confie Raymonde Yerna.

Pour l’Ifapme, il est indispensable de se réinventer. Il en va de la qualité de la formation mais aussi de la motivation de leurs apprenants. Beaucoup d’entre eux, en particulier ceux des années diplômantes, craignent de faire leur entrée sur le marché du travail sans avoir suffisamment fait leurs armes. Pas question cependant pour les centres de formation de galvauder les compétences ou de brader les diplômes et certifications. À l’Ifapme, on envisage de retarder les périodes d’évaluation de manière à permettre aux étudiants de rattraper leurs heures de pratiques manquantes, pour peu que la situation le permette d’ici septembre.