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«Les centres de compétences ont plus que jamais un rôle à jouer»

Si la tendance est à la création d’académies au sein des entreprises, la formation continue reste au cœur des missions des 24 centres de compétences wallons. Parmi eux, Technifutur.
Historiquement, Technifutur est le premier centre de compétences de Wallonie. 20.000 personnes y sont formées chaque année, pour un total de 850.000 heures de formation dispensées. Nous avons rencontré son CEO, Thierry Castagne.
La formation continue occupe aujourd’hui une place centrale dans nos carrières. Chez Technifutur, c’est une réalité dont on a conscience depuis longtemps…
C’est vrai que lors de la création de Technifutur, il y a plus de trente ans maintenant, nous étions en quelque sorte visionnaires sur cette question. A l’époque, l’idée était de décloisonner les secteurs public et privé dans le but de mutualiser les ressources au profit de la formation et d’une meilleure insertion professionnelle. Nous étions déjà conscients qu’un diplôme initial ne définissait pas une carrière, mais que le processus de formation devait au contraire continuer tout au long du parcours professionnel. C’est ainsi que nous avons élaboré, au fil des années, un catalogue de formations tous publics: des demandeurs d’emploi, le personnel d’entreprises, mais aussi des écoles, des hautes écoles et des universités. Mais un coup d’accélérateur est donné depuis plusieurs années en raison des transformations que constituent à la fois le numérique et la transition écologique. Peu importe le métier exercé, ces deux urgences redéfinissent les compétences et les profils professionnels de nos trois pôles que sont le numérique, l’industrie et la mobilité.
Les entreprises en ont conscience, certaines vont même jusqu’à créer leur propre académie en interne. Les centres de compétences ont-ils encore un rôle à jouer?
Bien sûr, les centres de compétences ont plus que jamais un rôle à jouer. De nombreuses entreprises font le choix de s’impliquer davantage dans la formation continue de leurs travailleurs en créant leur académie, mais elles le font rarement seules. La formation continue se construit aujourd’hui autour d’un partenariat des entreprises avec plusieurs acteurs: le Forem ou Actiris, les écoles, mais aussi les centres de compétences. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, il y a quatre ans, nous sommes passés d’une formule de formations sur catalogue à des modules clé sur porte à destination des entreprises. Cela a commencé avec des opérations telles que «This is usinage», «Square code» ou «Méca volt», lancées de manière collective pour des métiers en pénurie, propres à certains secteurs. Par la suite, nous avons établi des collaborations avec des entreprises ciblées, sous le nom, ou non, d’académie. C’est ainsi qu’est né un partenariat avec NRB pour le développement d’une formation Java. Mais aussi avec l’Engie Academy ou encore la Stib, sous l’appellation Futurcity. Son but? Concevoir des programmes de formations destinés à permettre aux agents de maintenance d’acquérir les compétences nécessaires à la maintenance des véhicules hybrides et électriques. Idem avec Numéria, pour accompagner Proximus dans sa reconversion vers le numérique. Les exemples ne manquent pas.
En parallèle, il faut aussi pouvoir continuer à répondre aux attentes des plus petites structures…
Evidemment! Nous développons des solutions personnalisées en partenariat avec les entreprises qui le souhaitent, mais nous n’oublions pas pour autant les PME et des plus petites structures, qui n’ont parfois ni le temps ni les moyens de s’impliquer à ce point dans la formation continue de leur personnel. Il est donc encore important de pouvoir proposer des formations pour lesquelles les employeurs attendent de récupérer leurs travailleurs à la sortie d’un parcours que nous dispensons entièrement. Il faut savoir que Technifutur, c’est un chiffre d’affaires qui s’élève à 19 millions d’euros et une facturation entreprise de 5 millions, répartie entre 760 entreprises différentes. Et 99% de ces entreprises sont des PME de moins de 50 travailleurs. Notre quotidien est donc loin de se limiter aux grandes entreprises, que du contraire.
Les compétences et les profils recherchés sur le marché de l’emploi évoluent très vite, vous l’avez dit. Selon vous, à quelle fréquence doit-on s’attendre à devoir être formé à l’avenir?
Cela va évidemment dépendre de différents facteurs. Une situation d’up-skilling, de mise à niveau de compétences légères, peut se présenter chaque année sous la forme de formations de courte durée en présentiel mais aussi, de plus en plus, à distance. Cela sera le cas si votre fonction nécessite de petites adaptations de compétences, lors de la modification d’un logiciel par exemple, mais aussi pour l’acquisition de certaines soft skills. Au bout de cinq à dix ans, certaines modifications plus profondes d’un métier peuvent avoir lieu. Ces changements beaucoup plus fondamentaux vont alors nécessiter un temps de formation plus long et plus approfondi. On parle alors de re-skilling, parfois presque de reconversion professionnelle. C’est d’ailleurs ce qu’on observe aujourd’hui avec l’industrie 4.0 et la digitalisation des processus industriels.
De PM